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Supermax : jusqu'où aller dans les privations de liberté ?

  • 9 Commentaires

Pour quoi emprisonner ?

  1.  
  1.  
    Ce documentaire et ses nombreuses annexes passionnantes me font m'interroger sur le sens-même de l'incarcération.
    Au-delà du débat sur les valeurs libérales ou non à l'oeuvre - que l'on lit beaucoup dans les commentaires-, il ne faut pas oublier que les prisons ont pour fonction - à mon sens - de protéger la société des individus les plus dangereux.
    Il ne s'agit dès lors pas de diaboliser les prisons et les façons dont les Etats font face à la gestion de ce service public (car c'est en un ! ) mais de trouver une réponse juste à un problème réel : que faire des individus qui enfreinent gravement les lois ?

    Protéger la société des individus les plus dangereux est nécessaire, mais la prison - et les types d'enfermement décrits dans le film - l'est-elle ?
    Fait-on avancer la société en incarcérant à tour de bras, en isolant au maximum les individus, en étant impitoyables avec les prisonniers et leurs familles ? Il semble évident que non.
    Mais, de l'autre côté, que faire avec les individus dangereux, auteurs de crimes ? que proposer à ces prévenus ?

    La société rencontrée dans le canton de Frémont est devenue folle. Il y a quelque chose de vicié dans le mécanisme qui fait que la société a besoin du crime et des criminels pour fonctionner.
    Mais, après avoir visionné ces images, avoir rencontré ces gens, je ne sais plus à quoi sert la prison...
    Pour quoi emprisonner ? Que recherche-t-on ?
    D'où cette idée d'enfermement vient-elle historiquement ? Des sociétés ont-elles trouvé d'autres solutions pour ré-intégrer des individus en leur sein après un délit ou un crime ?
    Je serai heureuse de lire des interventions à ce sujet.
     
    Posté par Dehalu
    le 22/06/2010
  2.  
     
    Je constate effaré que l'incarcération se systématise (900.000 gardes à vues en France l'année dernière!!!), il n'est plus ici question de mis à l'écart de personnes dangereuses mais d'une répression de masse, en contradiction avec le nombre de délits et de crimes (globalement en stagnation). Le système judiciaire actuel a oublié que l'incarcération est une mesure extrême : on prive l'incarcéré de sa liberté, un droit pourtant fondamental.
  3.  
     
    La liberté est un droit en effet mais quand on prive cette liberté à une personne lambda en la tuant est-il normal de laisser à l'individu qui a tué, le droit à sa liberté?
    Pour certains délits (délits tels que vols, fraudes, etc) l'incarcération n'est pas forcément nécessaire et il devrait avoir un autre moyen de punir ses actes comme il y existe les bracelets électroniques par exemple par contre quand c'est des délits comme le viol, le meurtres, ... là il faut punir sévèrement et si on ne prive pas de sa "liberté" l'individu qui a commis des actes horribles comment le punir autrement pour qu'il comprenne qu'il a "mal fait" et qu'il doit avoir une sanction justifiée suite à son délit ? Que faire afin que son acte soit sanctionné avec la même "égalité" de ce qu'il a fait subir à sa victime ?
    En tout cas même si il y a des abus concernant l'incarcération il est normal aussi de priver un individu de sa liberté quand lui même a pris celle d'un autre (hors légitime défense bien sur) maintenant je ne suis pas sur que de l'isoler complètement, le mal traiter, le mettre dans un endroit privé de tout - autre que sa liberté - est un bon moyen pour lui faire comprendre son acte, pour qu'il le regrette et pour qu'il se ré-insert.
  4.  
     
    Je crois qu'il s'agit d'un message envoyé aux classes populaires et aux jeunes.

    L'industrie pénitentiaire est en croissance en France. Les entreprises Bouygues, Eiffage Construction, Sodexho-Alliance (Siges et Idex-Sogerex), Suez-Lyonnaise des eaux (Gepsa) sont des acteurs majeurs de l'industrie pénitentiaire en France, elles construisent et gèrent ensemble des prisons ultramodernes (et déshumanisées), comme celle de Corbas dans le Rhône. Aussi, elles partagent ensemble les profits dans ce secteur d'activité.

    Cela fait 15 ans que les politiques pénales prennent un tour résolument punitif : certaines lois se durcissent et les peines s'allongent. Les peine planchers (2008) sont en voie d'être étendues aux non récidivistes (cad dès la première condamnation), comme l'a annoncé le gouvernement en aout et en septembre.

    Les peines planchers permettent d'envoyer chaque jour en France cent à deux cent personnes en prison pour une durée plus longue que d'habitude. Il y'a aussi la rétention de sureté qui réhabilite la prison à vie.

    Quand ce sont les même qui vivent l'insécurité sociale et qui subissent la répression, le message envoyé semble être majoritairement destiné aux classes populaires : "il faut accepter les boulots de crotte, les autres voies conduisent irrémédiablement à la prison " (ca n'est malheureusement pas très creusé dans le documentaire) .

    Cf "Punir les Pauvres" de Loïc Wacquant
  5.  
     
    Bonjour Totale Insécurité

    Pour plus d'informations et de débat sur les prisons privées, je vous suggère ce forum:
    http://prisonvalley.arte.tv/fr/forums/13/

    Merci à vous
  6.  
     
    Bonjour,
    Attention Patty 091 de ne pas partir dans la loi du Talion, celle de procéder à la même bassesse de valeurs et de geste que celui qui est coupable. Il faut incarcérer ceux qui sont coupables non pas pour les punir, le droit et l'Etat n'ont pas ce pouvoir, mais bien pour réhabilité ces personnes. Pourquoi vous, vous n'iriez pas tuer quelqu'un demain? Qu'est-ce qui vous en empêche? Des valeurs, du sens commun, une éducation, une instruction, ... La prison devrait avoir deux objectifs dont nous sommes très loin aujourd'hui: celui, bien sûr d'isoler de la société des agents dangereux pour l'heure, et celui, de donner à aux détenus les clefs de leur mal-être, de leur redonner goût à la vie pour que par eux-même ils se rendent compte de leur erreurs.
    On doit pouvoir accepter le droit à la deuxième chance même dans les cas d'actes abominables. Sachant que s'il s'agit de criminels à problèmes psychiatriques, ils doivent être placé dans des institutions spécialisée (et non avec les autres comme c'est en général le cas en France, un détenu sur dix, si je me souviens bien).
    La punition n'a aucun sens dans la mesure où aujourd'hui les prisons françaises sont des écoles de violence, de traffic et de crime organisé. Avoir fait sont temps en prison c'est cool, en espérant ne pas se faire chopper la prochaine fois. Le beau système des novateurs du 19ième siècle qui ont conçu en dehors des villes, près des décharges de gros complexes comme Fresne, jusqu'à Fleury-Mérogis a montrer ces énormes défaillances. Ne peut-on pas passer à autre chose? Tocqueville à son époque a bien défendu un système plus humain en montrant que les prisons modernes (celle d'aujourd'hui, encore innovantes il y a 150 ans) étaient bien meilleure que le bagne, donnant la place à des cellules individuelles, un accès à la lumière, pas de maltraitance physique, etc. Bon, maintenant, essayons de dépasser Tocqueville, je pense qu'il ne nous en voudra pas!
  7.  
     
    Bonjour Dehalu.
    Je trouve ta réflexion très intéressante. La question est excellente: pourquoi enfermer des personnes?
    Comme tu l'as dit, c'est déjà avant tout pour protéger la société de la dangerosité de ces individus.
    Mais cela ne devrait-il pas être aussi pour le réintégrer à la société? La personne fautive devrait réussir, au bout d'un laps de temps différent selon les individus, à se socialiser à nouveau et à réintégrer la vie "réelle". Et ce n'est sûrement pas avec des prisons totalement déshumanisées et coupées de l'extérieur que ce processus peut fonctionner.
    Non, je pense vraiment que ce système américain va droit dans le mur et n'a pas d'avenir sur le long terme. Et la France en prend peut-être bien le chemin.
    Il faudrait, à mon avis, revenir à une prison plus "humaine" et bien différente de celle d'aujourd'hui.
  8.  
     
    Je trouve très intéressant cette question. Est-ce que vous croyez que tout le monde est réhabilitable ? Je me demande...

    Admettons que non... Qu'est ce qu'on fait avec ceux qui ne le sont pas...

    Si oui, pensez-vous que nous sommes prêts à pardonner à tous ? La réhabilitation, c'est des deux côtés, ça prend aussi une société prête à te recevoir...

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