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Le travail des prisonniers : outil de réinsertion ou exploitation d’une main d’œuvre fragilisée ?

  • 37 Commentaires
  • À lire en premier !

Les points clés à propos du travail des prisonniers

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    Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010. Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010.

    Centre de détention de Montmédy, France. Octobre 2000. Centre de détention de Montmédy, Meuse, France. Octobre 2000.

    Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010. Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010.

    Centre de détention de Montmédy, France. Octobre 2000. Centre de détention de Montmédy, Meuse, France. Octobre 2000.

    Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010. Prison territoriale. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010.

    Centre de détention de Montmédy, France. Octobre 2000. Centre de détention de Montmédy, Meuse, France. Octobre 2000.

    Fremont Correctional Facility. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010. Fremont Correctional Facility. Cañon City, Colorado, États-Unis. 2010.

    Photos © Philippe Brault

    Depuis plus de trente ans, l’État du Colorado a élevé le travail des prisonniers au rang d’industrie. En 2006, la filiale Colorado Correctional Industries de l’administration pénitentiaire a annoncé 16,5 millions de bénéfice. En France, les détenus travaillent avec des contrats au-delà du précaire.

    En France

    A l’image des prisonniers du Colorado filmés dans Prison Valley, les détenus français peuvent être affectés à des tâches liées au fonctionnement de l’établissement carcéral qu’ils occupent, au titre du service général. Ou pour des entreprises privées installées en prison. Le droit du travail français ne s’y applique pas. Ni salaire minimum, ni congé maladie, ni garantie contre les licenciements abusifs, etc. Seules les règles d’hygiène et de sécurité sont en vigueur dans les établissements pénitentiaires. Dans leur livre Le Travail en prison [Éditions Autrement, janvier 2010] Gonzague Rambaud et Nathalie Rohmer demandent : où peut-on rémunérer légalement des salariés 3 euros de l’heure ? En Roumanie ? En Chine ? Non, nul besoin de délocaliser : il suffit de solliciter les ateliers pénitentiaires, où des détenus travaillent pour des sous-traitants de grandes entreprises françaises (L’Oréal, Bouygues, EADS, Yves Rocher, BIC, etc) (…) Au vu des activités pratiquées (ensachage de bonbons, tri d’oignons, paillage de chaises, conditionnements de parfums, couture, etc.), on peut sérieusement douter des atouts du travail carcéral en termes de réinsertion professionnelle. Et les deux journalistes de révéler le spot publicitaire destiné à des entrepreneurs locaux et vantant les mérites d’une maison d’arrêt de l’Est de la France : Une main d’œuvre payée au rendement, travaillant douze mois sur douze, pas d’absentéisme, pas de conflits sociaux…

    Aux États-Unis

    Dans le Colorado, le travail des prisonniers est encadré par une structure publique : la Colorado Correctional Industries (CCI), filiale à 100% du Département des Corrections. Leur exemple a valeur d’universalité.

    À l’origine de la CCI, en 1977, une double motivation de l’administration pénitentiaire : faire du profit mais surtout baisser les coûts de fonctionnement, notamment en frais de cuisine et de blanchisserie (draps, uniformes, etc).

    La première usine stricto sensu sort de terre en 1980. Et la Colorado Correctional Industries en profite pour lancer sa marque propre, Juniper Valley Products. L’activité de la CCI est en quelque sorte protégée : les institutions d’État doivent en priorité passer par elle pour leurs achats. Agences d’État, municipalités, comtés et associations sont ses clients. Depuis, la CCI a également noué de nombreux accords commerciaux avec le secteur privé.

    Cette rationalisation du travail des prisonniers s’inscrit en réalité dans une longue tradition locale. Dès juin 1874, la première prison de Cañon City avait ouvert un atelier de confection de chaussures, puis de couture, puis de fabrication de plaques minéralogiques, tel qu’on le voit dans Prison Valley. Il faudra attendre 1990 pour que les usines CCI soient reconnues conformes au Prison industries enhancement certification program, lancé en 1979 par le Congrès américain. En 2001, une plaquette de présentation des usines Colorado Correctional Industries détaille leur rôle : formations, supervisions et évaluations qui renforcent le bon comportement des prisonniers. L’idée centrale est alors d’apprendre un métier aux détenus, et surtout une éthique du travail bien fait, pour leur sortie de prison.

    Aujourd’hui, selon les années et selon les sources, les usines CCI font travailler entre 1200 et 1500 prisonniers dans seize établissements pénitentiaires, disséminés aux quatre coins du Colorado. Soit entre 10 et 12% du total des détenus de l’État. En 1990, le chiffre d’affaires des CCI s’élevait à 12 millions de dollars. Il a depuis grimpé en flèche. Dernier chiffre connu : 39 millions de dollars en 2001. En 2006, les CCI ont annoncé un bénéfice net de 16,5 millions de dollars. Selon l’institution, le travail des prisonniers reviendrait à faire économiser six millions de dollars par an (en frais de fonctionnement) aux contribuables du Colorado.

    Les principaux secteurs des CCI sont :

    • Manufacture : filtres à air, drapeaux, plaques minéralogiques, matelas, produits en cuir, en métal, meubles de bureau, sacs plastiques, fauteuils, cellules, panneaux de signalisation, etc.
    • Services : nourriture pour cantines, services de construction et maintenance, maintenance de prisons, nettoyage d’autoroutes, imprimerie, recyclage, Web design, transports, etc.
    • Agriculture : produits de la ferme, pisciculture, miel, fleurs, vignes, dressage de chevaux sauvages, dressage de chiens, etc.

    Certains chiens dressés par des prisonniers du comté ont été adoptés par… la police new yorkaise, dans le cadre de la lutte contre la drogue. Quant aux Mustang sauvages (cheptel de 2200 bêtes), ils sont attrapés par hélicoptère dans les plaines du Colorado, de l’Arizona, du Nouveau Mexique, de Californie ou du Nevada. Ils sont à leur tour dressés par des prisonniers et 75% finissent à la frontière mexicaine, où ils sont montés par les patrouilles de police états-uniennes.

    Le siège des Colorado Correctional Industries est situé à Colorado Springs (Colorado). Le show-room, qui expose les derniers produits fabriqués en prison, est à Denver.

    Côté prisonniers, ceux que nous avons rencontrés à l’atelier de plaques minéralogiques, sis dans la plus ancienne prison de Cañon City, nous ont annoncé un salaire de 50 dollars par mois, doublé éventuellement par les primes. Au sous-sol de cet atelier, des handicapés physiques ou mentaux, tous prisonniers, fabriquent des vignettes ou les glissent une à une dans des enveloppes. De cette usine, deux millions de plaques minéralogiques sortent chaque année.

    À l’autre bout de la ville, le Fremont Correctional Facility est non seulement la plus importante prison de l’État du Colorado en nombre de détenus (1661), c’est aussi la plus pourvoyeuse en termes de main d’œuvre de prisonniers : 507 détenus y travaillent régulièrement, notamment dans l’atelier d’ébénisterie. Ces derniers gagnent environ 60 cents par jour. Certains empochent maximum 80 dollars par mois, en comptant les bonus. Tous sont formés et tous sont volontaires. Les places les plus prisées sont celles du dressage de chevaux. Parce que c’est une activité de plein air. Et parce que c’est l’une des mieux payées : 2 dollars par jour mais pour un emploi à temps partiel. Actuellement, 55 prisonniers travaillent dans ce gigantesque ranch, en contre-bas du East Cañon City Complex. Tous sont condamnés pour vols mineurs ou petits trafics de drogue, de 6 mois à 2 ans. Leur entraîneur, un employé du Bureau of Land Management, nous a déclaré : On apprend la patience aux prisonniers. On leur apprend les bases d'un métier, du travail. S'ils ne s'appliquent pas, ils dégagent. Juste comme à l'extérieur. S'ils tirent trop sur le cheval, le cheval s'emballe. C'est comme dans la vie. Si tu y vas pas cool, ça va, sinon... Les chevaux leur apprennent ça.

    Selon différents témoignages, la liste d’attente pour travailler dans les Colorado Correctional Industries est longue : à la moindre incartade, au moindre écart du règlement, on redescend en bas de la liste.

    Sources

    Retrouvez toutes les statistiques sur les prisons et les comparatifs chiffrés États-Unis/France/Europe dans le film Prison Valley.

     
    Posté par David Dufresne Équipe Prison Valley
    le 23/03/2010 (édité le 21/04/2010)
    Pour signaler une correction ou une clarification, contactez l'équipe de Prison Valley
  2.  
     
    c'est choquant de voir les détenus fabriquer leur prochaine petite boite, être exploités de la sorte...

    Tel un forçat brisant ses chaînes
    Tu joins tes poings et tu contiens ta haine,
    Tu es sorti, retour à la vie.
    Il faut te racheter, prix de ta liberté.
    Ils t'ont dit non à l'agence de placement
    Ca t'a surpris, t'attendais pas ça des gens,
    T'estimes avoir payé, été humilié,
    Comme ça, toute ta vie, tu seras poursuivi.

    Bouge,
    Redresse-toi et bouge
    Défends-toi.
    On parle autour de toi.

    Tu vas peut être braquer et recommencer
    Jusqu'à ta mort, prisonnier de ton passé
    Une dernière plainte, tu veux réagir.
    Tu ne veux pas croupir, tu ne veux pas pourrir.
    Ils t'ont laissé sortir mais sans y penser,
    Tu rôdes dans la rue, tu te déplace en cage
    Un jour, ils te serreront pour te faire replonger.
    Dans une orgie de sang tu vas riposter.
    L'homme qui franchit les portes d'une prison
    En reste marqué à vie, quoi qu'il fasse
    Sur le chemin de la réinsertion sociale,
    La société est vindicative.

    Un ex-condamné ne sera jamais quitte de sa dette,
    Même après l'avoir payé car on lui refusera le droit de vote
    Mais il paiera ses impôts et sera mobilisé
    Si une guerre se produit.
    Châtré de ses droits civiques, il restera un ex-taulard
    L'homme à qui on refuse le droit de décision
    N'est qu'une moitié d'homme.
    Il se soumettra ou se révoltera.

    Sors,
    Allez, sors,
    Sors tes griffes.
  3.  
     
    Mais n'est ce pas comme cela dans toutes les prisons du monde?
  4.  
    • vincenth
    • le 22/04/2010 (édité le 22/04/2010)
     
    Les prisons américaines sont sans doute loin d'être les pires. Mais ce que je trouve surprenant, c'est surtout cette "industrie" du prisonnier ; l'économie de la région en est dépendante, et s'il n'y a plus de prisonniers, il n'y a plus d'activité. Alors il faut bien continuer à envoyer des gens en prison, puisqu'on en a besoin... Donc finalement, quel est l'intérêt d'avoir moins de criminels ?

    La vérité, c'est qu'on fait travailler les prisonniers d'abord pour faire des économies et gagner de l'argent. A plus large échelle, on s'assure que les prisons sont pleines pour maintenir et développer l'activité économique associée, les jobs, les restaurants, les prisons privées, etc...

    A mon avis, lorsque le but de la prison n'est plus de protéger la société, mais de la faire prospérer, c'est qu'il y a un problème quelque part...
  5.  
     
    A quand des prisonniers fabriquant des Nike ?
  6.  
     
    C' est marrant, cela ressemble au STO ( on a la même en france, "atelier couture").
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    Un petit lien vers l'histoire de la prison St Michel de Toulouse ou l'on apprend que l'histoire de la prison est liée à celle des entreprises qui faisaient travailler les prisonniers déjà en 1900.
    http://documents.toulouse.fr/eprint/ci-2008-09-15/appli.htm?
  8.  
     
    Pas étonnant qu'on enferme de plus en plus de gens finalement. En France la logique doit être la même!
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    • David Dufresne Équipe Prison Valley
    • le 25/04/2010 (édité le 25/04/2010)
     
    Gonzague Rambaud, auteur de «Le Travail en prison» avec Nathalie Rohmer (Éditions Autrement, janvier 2010) sera le premier invité des chats de Prison Valley: ce sera jeudi 29 avril. Son livre est le fruit d'une enquête minutieuse sur la question. Venez nombreux, venez curieux.

    http://www.autrement.com/ouvrages.php?ouv=2746713604
  10.  
     
    Et que dire de ces kilomètres de routes bâtis par les bagnards ? Il faut bien trouver une quelconque utilité à ces gens "socialement assistés". Tu fais ta peine ? Tu paies ton dû !
  11.  
     
    Le plus effrayant c'est la banalisation du système "prison", qui ne règle aucun problème depuis des siècles, quelque soit la forme qu'il prend. Un jour peut-être des historiens parlerons du "temps ou il y avait encore des prisons"... C'est un peu utopiste mais bon...
  12.  
     
    je trouve ça intéressant de vouloir réinsérer les prisonniers en leur apprenant un métier, mais dans ce cas - que ce métier soit d'utilité publique et valable pour tous - et non à des fins privés.. Puis assistons les dans leur retour à la réalité via cette porte de réinsertion.
  13.  
     
    Vous parlez d'un spot publicitaire pour une maison d'arrêt de l'est de la France. J'habite dans l'est, je suis curieux de savoir de quelle maison d'arrêt il s'agit.
    Donner une activité aux prisonniers est une très bonne idée, après la question de l'exploitation se pose en effet. Très intéressant ce débat.
  14.  
     
    @Valentin: p.9 du livre de notre premier invité en chat (c'est ce soir à 19h), Gonzague Rambaud (Le travail en prison), vous avez la réponse à votre question: il s'agit de «la maison d'arrêt de Strasbourg».
  15.  
     
    Ces gens ont commis des crimes monstrueux et payent le prix de leurs crimes. Pour ce qui est de l'exploitation, je ne vois pas où elle pourrait l'être contenue des crimes commis.
    Ils y a des personnes qui sont non-ré-éducables. Par contre, j'opterais pour une monnaie propre aux prisons qui n'influencerait en rien le cours de la bourse et qui pourrait ensuite être utilisée par les prisonniers pour se procurer du matériels et des consommations. Et que tout dépende du comportement et de la collaboration du prisonnier.
  16.  
     
    qu'est ce qui nous dit que tous les gents qui sont en prisons ont commis "des crimes monstrueux" ?
    on a pu voir qu'il est de plus en plus facile d'être en garde à vue.
    faire travailler des prisonniers pour qu'ils puissent payer les amendes consécutifs à leur actes, d'accord,
    mais que leur travaille soit régis par le code du travail, car sinon cella devient de la concurrence déloyale
    et si on se permet d'accepter cela qu'est ce qui nous dit que nous n'allons pas être jugé non compétitif par rapport à eux.
    Parce que c'est ça l'économie de marchais et si on pense que nos dirigeants vont nous protéger, alors là je dis que nous rêvons.
  17.  
    • rama
    • le 14/05/2010
     
    sans chercher qui a fait quoi, quelque soit la cause qui a ete commis ,il est evident que derriere toute cette organisation monstrueuse,
    sous pretext que les detenus doivent purger et payer, sont utilisaient pour le fric,vous vous immaginer la couverture, on ne peut pas
    rever mieux. c'est cynique ,les responsables ne valent pas mieux que les détenus, je ne juge pas, je constate , c est triste pour l avenir,
    ce ne sont pas les solutions ,on tourne en rond, la preuve ,de quoi on parle? la cruauté de l 'homme n'est égal qu'a lui mème
  18.  
     
    Sans rechercher le conflit avec certains commentaires, il est nécessaire de parler d'argent quand on parle de la détention.
    Un individu en prison a un cout en terme de personnel et de matériel.
    Si cet individu peut réduire le cout engendré par son incarcération, je ne vois pas pourquoi devrait-on laisser cette charge uniquement aux contribuables.

    En revanche, je vois aussi clairement une concurrence déloyale quand ces derniers travaillent pour une activité autre que celle liés à la maintenance de la prison.
    Si ce devait être le cas, ils devraient être régis par le code du travail comme l'a précisément dit Cyrille Chevreau.
    Un contribution sur leur salaire pourrait éventuellement être reversée au centre pénitencier pour couvrir les frais qu'une activité pour engendrer.

    Je regrette que ce débat ne puisse pas devenir passer sur le devant de la scène politique.
    C'est dans l'absence de débats publiques et de lois qu'on arrive aux dérives actuelles permettant aux entreprises privées de faire un maximum de profit sur des individus sous la responsabilité de l'état.

    Pour finir, je me permet de réagir à certains commentaire qualifiant d'exploitation la possibilité qu'à un détenu de travailler.
    Est-il plus monstrueux pour un prisonnier d'avoir une activité peu rémunérée ou une absence d'activité ?
  19.  
     
    ... beau comme une prison qui brule ... je maintient que les pires assassins sont au gouvernement et régissent ce monde !! ils s'enrichissent sur le dos des plus faibles,terrorisent et endorment les masses , dont je fait partie, sous faux prétexte de bien être et de modernité pour que rien ne change ....je crois qu'on a intérêt à se réveiller vite fait !!!
  20.  
     
    Excellent ... le systeme capistaliste transforme l'ouvrier par un prisionner.. la disparition de l'un et l'apparition de l'autre comme le nouveau ouvrier ..
    Bravo.. !!
  21.  
     
    Je suis tout à fait d'accord avec TOTORO(que j'adore par ailleurs, enfin celui de Miyazaki!!) ci- dessus:
    -je ne vois pas de honte à ce qu'une personne incarcérée travaille pour participer à son hébergement et à sa nourriture:c'est le lot de presque chacun d'entre nous de travailler pour subvenir à ses besoins;il ne revient pas au voisin -encore appelé "contribuable" de le faire.
    -retirer des bénéfices de cette activité constitue en revanche une dérive qui est, elle, honteuse!Peut-être pourrait-on suggérer que ces bénéfices soient reversés aux caisses de chômage pour indemniser les pertes d'emploi que le travail des prisonniers ne doit pas manquer d'occasionner.Mais il est clair que ce serait là un geste politique.
    -un moyen de mettre le débat sur la place publique serait de demander à nos députés de présenter un projet de loi :exiger d'apposer le label"made in prison" sur les produits fabriquées par des détenusdans le cadre de la traçabilité des produits, un peu comme cela a été fait pour les produits faits par des enfants ou pour le commerce dit équitable:à chacun d'exercer son sens moral quand il fait ses achats.
    -loin du slogan nazi sur le travail qui libère, le travail des prisonniers a toujours été très controversé:pour certains, c'est de l'esclavage, pour d'autres il s'agit de "tenir", d'avoir un dérivatif pour supporter l'enfermement.La notion même d'ergothérapie va dans ce sens.Il suffirait de s'assurer de la liberté de choix de chaque détenu et de l'évolution possible de ce choix.
    -le problème des prisons est très complexe:il ne s'agit pas d'une entité, dissociable de la société et de son fonctionnement global.Il ne peut être traité sans nuances.Cela me rappelle les débats qui précèdent l'implantation de prisons ou-élargissons le cadre-d'hôpitaux spécialisés:chacun trouve le principe de l'enfermement horrible, sa réalité épouvantable, mais personne n'en veut à côté de chez lui et beaucoup ne s'inclineraient pas devant la décision d'abolir ces structures:on veut se sentir protégé.
    Pour terminer, je voudrais dire combien je trouve ce webdocumentaire formidable:les images , le son, l'interactivité, les surprises, tant sur le fond que sur la forme qui nous attendent à chaque séquence...BRAVO et MERCI de nous faire réagir!
  22.  
    • mita
    • le 21/06/2010
     
    merci evelyne pour ta synthèse à laquelle j'adhère totalement!

    j'aime beaucoup l'idée du "made in prison"!!

    mais je suis un peu sceptique sur le fait de reverser les bénéfices de leur activité aux caisses de chômage. cela ne risquerait-il pas d'être contre-productif en les désignant comme boucs émissaires du chômage en France (on aura toujours l'impression qu'ils ne compensent pas suffisamment)? ils seraient encore une fois séparés du reste de la société et la réinsertion n'en serait que plus dure!

    dans un autre ordre d'idées, je pense qu'il faudrait peut-être encadrer la nature de ce travail : le travail réalisé par les prisonniers a peu d'intérêt lorsqu'il s'agit de tâches peu gratifiantes comme comme l'ensachage par exemple : ce n'est pas un travail par lequel les prisonniers peuvent se sentir fiers de leur réalisation, ou acceptés et valorisés dans un système économique local. le travail agricole ou en lien avec des animaux ou des productions artistiques ou culturelles (réalisation de décors pour le théatre par exemple) me parait beaucoup plus pertinent et efficace!

    le second point qui me parait important pour que les prisonniers puissent se sentir revalorisés, c'est la rémunération : il semble juste qu'ils le soient, et à une hauteur suffisamment faible pour prendre en compte le coût de leur prise en charge par le système carcéral et également conserver à leur travail une certaine compétitivité (n'oublions pas que ce sont rarement des gens ayant fait de très longues études). un système de rémunération interne à la prison pourrait engendrer des trafics divers mais surtout contribuerait aussi à les couper du monde, mais un paiement à la sortie n'est peut-être pas la meilleure solution non plus compte tenu du fait qu'ils sont probablement en état d'"éblouissement" (mais je suppose cela sans expérience précise) et donc pas vraiment à même de l'utiliser de façon rationnelle. la solution serait peut-être de leur garantir une sorte de "rente", c'est-à-dire que leur salaire serait échelonné sur une durée de la moitié ou du tiers de leur durée d'incarcération. ils pourraient ainsi se sentir accompagnés dans leur retour à la vie active.

    et en tous cas merci aussi à l'équipe du webdocu pour la qualité et la pertinence des images d'abord, l'inventivité et l'originalité déployée ensuite!
  23.  
    • David Dufresne Équipe Prison Valley
    • le 02/07/2010 (édité le 02/07/2010)
     
    A lire, l'interview (anonyme) d'un responsable de Gepsa, opérateur privé dans certaines prisons françaises...
    http://prisonvalley.arte.tv/fr/forums/discussion/162/un-responsable-de-gepsa-operateur-prive-dans-certaines-prisons-francaises-parle/
  24.  
    • Patty091
    • le 08/07/2010 (édité le 09/07/2010)
     
    Un individu qui a commis un acte répréhensible doit payer pour son delit. Maintenant il y a plusieurs niveaux de délits. Ceux qui n'apportent aucune atteinte à une personne (peut être au gouvernement et aux contribuables) mais sans conséquences de vie et ceux ou là portent atteinte à la vie ou à la chair, même si cedit individu selon son délit est enfermé et que se soit une punition pourquoi devrait t-on encore payer pour la nourriture, la blanchisserie, etc. Il a commis un délit pour la plupart en connaissance de cause ok il paie sa dette mais faudrait encore "le financer pour le reste"? Car faut pas rêver ceux qui payent pour les détenus c'est aussi les contribuables. Le travail est un moyen non seulement de payer un peu ses dettes mais aussi de ne pas rester inactive car être enfermé est terrible pour le mental comme pour le physique. Il n'a pas été forcé de faire ce délit, il savait ou cela le mènerait, et ceux de l'extérieur n'ont pas demandé à ce qu'il le fasse (dans la plupart des cas j'entends). Ils y sont pour rien. Oui ils sont exploités c'est un fait mais ceux de l'extérieur aussi - pas à la même échelle peut être.

    Alors que faut il faire ? Laisser les prisons exploités les détenus en payant moins cher la main d'oeuvre coté travail ou laisser les contribuables payer les frais diverses des prisonniers qui ont commis un délit plus ou moins grave ?. Car ca coute aussi en prison.

    Les contribuables ne sont pas non plus des "vaches à lait" face à des individus qui ont commis des actes parfois irréparables. Mais que faire dans ce cas pour éviter que contribuables déboursent pour quelque chose ou ils n'y sont pour rien? Je pense que beaucoup ne sont pas d'accord de payer des frais pour des détenus qui ont commis des actes immoraux même si ces derniers sont en prison et que c'est déjà une sanction.
  25.  
     
    S'est-on mal comporté qu'il faut payer son dû à la société. Malheur aujourd'hui à celui qui doit. Celui qui doit est faible, plus faible que celui à qui l'on doit. Nous vivons dans un monde où le faible, comme chez les bêtes, servira le fort. Nous vivons dans un monde où l'on fait fi de la morale, où "ce qui est bon pour moi est bon tout court". Ce qui est bon pour une multinationale qui salarie 3 euros de l'heure une personne qui travaille sur la "terre des Droits de l'Homme" est bon tout court. Ce qui est bon pour les affaires personnelles des uns, même au détriment des autres, est bon tout court. Nous n'avons fait aucun progrès. Nous sommes les singes de Jacques Brel, nous ne vallons pas mieux qu'eux. Il reste à espérer que plus nous réaliserons nos erreurs, plus nous finiront pas décider de cesser de les répéter…
  26.  
     
    Que les prisonniers participent à la vie de la prison et ainsi réduisent son coût paraît naturel. En revanche qu'ils bossent pour des entreprises privées pour des "salaires" si bas est une aberration, cela devrait être régi par le code du travail.
    De toute manière les faire bosser sur des tâches d'intérêt général aurait davantage de sens et ces tâches ne manquent pas !
    D'ailleurs tant bien même ils seraient payés le tarif syndical, ces tâches ne devraient pas dépasser le mi-temps, de façon à consacrer plusieurs heures par jours à des activités constructives, fiches de lecture, apprentissage divers...
    A ce stade de "Prison Valley", je ne vois pas de distinctions entre les prisonniers. J'espère que la suite me fera mentir, mais je trouve extrêmement choquant que les petits délits impliquent d'être aussi entravé que les gros délits.
    Cela provient d'une des problématiques majeures de l'incarcération, incapable d'adapter des prises en charge en adéquation intelligente avec les actes commis. Cela irait bien entendu en contradiction avec les objectifs volumétriques américains...
    Souvenons-nous de Hugo : "Quand on ouvre une école, on ferme une prison."
  27.  
     
    Il y a du chômage qu'aide á la précarité, que pousse á la délinquance. Mais si tu es en prison tu as un boulot, et tu es légalement exploité... il n´y a pas un bug dans le systéme??
  28.  
     
    A ce stade du webdoc, la logique qui se dessine donne ceci:
    On remplace le travail ouvrier par le travail des prisonniers au prétexte de la concurrence des pays émergents et de la délocalisation -> les prisons deviennent un rouage essentiel du tissu économique du pays (à quand la cotation en bourse des établissements pénitentiaires?) -> le secteur se développe, on construit plus de prisons -> vient le moment où la main d’œuvre manque, il faut remplir les prisons - > on change les lois pour multiplier les motifs d'incarcération - > demain, après-demain, lentement ou pas mais apparemment plutôt surement le monde devient un cauchemar.
    Ce serait le pitch d'un film, ce serait celui d'un nanar, mais c'est un documentaire. J'ai l'impression que l'on est sur la Skyline drive et que la pente a été savonnée...

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