Catégories : Chats

27 avr

Le «business carcéral»: notre premier tchat (jeudi 29 avril)

L’aventure Prison Valley rebondit. Prochaine étape: les chats. Ce jeudi 29 avril, 19h, venez discuter avec Gonzague Rambaud, auteur d’une enquête remarquée sur le «Travail en prison». Et le 6 mai, même heure, avec Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Justice.

CDOC058

[ Mise à jour du 30 avril: la retranscription du chat est disponible ici ]

Vous venez de débarquer à Cañon City et ses treize prisons. Vous avez pris place dans la chambre de motel pour en explorer les recoins. Peut-être vous êtes-vous aventuré, comme des dizaines d’autres, dans les forums du webdocumentaire?

Prochaine étape interactive : les chats.

Commencée le 22 avril, l’aventure Prison Valley va en effet se poursuivre par des discussions en direct tous les jeudis à 19 heures avec des personnalités liées au milieu carcéral français et européen.

Notre premier invité, jeudi prochain, 29 avril – 19 h/20h, sera Gonzague Rambaud, co-auteur avec Nathalie Rohmer, du « Travail en prison : enquête sur le business carcéral » (éditions Autrement, 2010).

Un livre remarqué, qui révèle les dessous de cet aspect méconnu du quotidien des détenus. Une enquête qui décortique le tabou d’une activité plus que rentable pour les entreprises qui y ont recours.

En arrière fond se profile la question du partenariat Public Privé dans le monde carcéral français. Autrement dit : de la privatisation rampante d’une partie du système des prisons.

Semaine suivante, le 6 mai, de 19h à 20h, Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Justice, a accepté, après avoir visionné Prison Valley, de participer à un chat sur tous les thèmes abordés par notre webdocumentaire.

L’occasion de faire le point sur la situation française avec le haut responsable des prisons en France, avocat de formation, défenseur des prisons ouvertes, et qui a en charge la réforme de l’administration pénitentiaire et la modernisation des prisons.

Jusqu’au 10 juin, les chats de Prison Valley accueilleront également des membres de l’Observatoire International des Prisons, du Comité européen de Prévention de la Torture, et d’autres.

photo GR-pola-miniPremier rendez-vous, donc, 29 avril, 19h-20h:
Le travail en prison, avec Gonzague Rambaud, journaliste indépendant. Posez vos question dès 18h et venez débattre http://arte.tv/prisonvalley/chat


Quelques pistes en attendant le chat de jeudi:

Dans les forums de Prison Valley:

Le thème  du travail des prisonniers occupe déjà les discussions du forum de Prison Valley. Ainsi, Minacz déplorait une «  rémunération lamentable (…) toucher 50euros/mois est proprement insultant, dégradant et contraire aux Droits de l’Homme dans un pays dit civilisé et démocratique ». Le fait que des prisonniers puissent fabriquer des cellules destinées à une prison privée a également été soulevé. « Il n’y a pas un côté malsain à faire construire une prison par des prisonniers ? N’est-ce pas simplement du sadisme plus que de l’économie ? », se demande Hannibal.

CDOC002

Quatrième de couverture du livre «Le travail en prison»:
« Pas besoin de délocaliser en Chine, en Pologne ou en Roumanie pour pouvoir rémunérer, légalement, des personnes 3 euros de l’heure, il suffit pour cela de solliciter les ateliers pénitentiaires, où des détenus œuvrent, sans contrat de travail, pour des grandes entreprises, des PME et des TPE, issues de secteurs aussi variés que la cosmétique, l’automobile, l’imprimerie, le marketing, etc. Elles ont pour point commun de ne pas se vanter de ce type de sous-traitance. Bien qu’écartés de la vie économique, les détenus y participent à leur manière. Lorsque l’activité le permet, 23 000 détenus (40 % de la population carcérale) travaillent 6 h par jour, ou suivent une formation professionnelle. Souvent peu qualifiés et faiblement rémunérés, les travaux d’usinage réalisés dans les ateliers pénitentiaires pour le compte d’entreprises sont très majoritairement payés à la pièce. Les fiches de paie d’anciens détenus, qui ont accepté de raconter leur vie professionnelle sous les verrous, attestent qu’il est difficile de gagner plus de 300 euros par mois lorsqu’on travaille pour des entreprises ou des marques comme Yves Rocher, L’Oréal, BIC, Renault, Vania, La Redoute, Bouygues, etc. Peu bavardes sur ce type d’initiatives, ces entreprises s’abritent généralement derrière leurs fournisseurs pour expliquer leur présence en prison. Les directeurs achats et marketing qui sous-traitent en prison disent tout ignorer ou presque des rémunérations pratiquées et des conditions de travail, symbolisées par l’article D 103 du Code de procédure pénale, qui stipule que « les relations entre l’organisme employeur et le détenu sont exclusives de tout contrat de travail ». Pas d’indemnité journalière en cas de maladie, des difficultés pour faire reconnaître les accidents de travail, peu de recours, pas de congés, pas d’indemnité chômage. En prison, on ne s’embarrasse pas avec le droit du travail. Rarement évoqué dans des ouvrages généralistes, le travail en prison a pourtant une importance capitale pour nombre de détenus, qui ont besoin de gagner de l’argent pour vivre en prison et pour soutenir leur famille et qui doivent faire face aux frais d’incarcération (transports, hébergement, perte du RMI, etc.). Enfin, même si le travail n’est plus obligatoire depuis la loi du 22 juin 1987, il reste un critère décisif pour obtenir des remises de peine supplémentaires. Le travail rend libre plus vite, à condition de se plier à ce no man’s land juridique.»