Le célèbre festival consacrera cette année l’un de ces ateliers aux «Ecritures numériques». C’est le 23 et 24 août. On y sera pour évoquer notre expérience.
Une anecdote, pour commencer. C’était un samedi, Prison Valley était en ligne depuis un mois. Dans les forums du webdocumentaire venait d’éclater une rude joute entre certains habitants de Cañon City, la ville prison que nous avions choisi de disséquer, et nous. C’est alors qu’un des protagonistes de notre film, un gardien de Supermax, l’Alcatraz des Rocheuses, est intervenu. En son nom. Pour défendre notre travail et notre droit au… droit de regard. La fatigue aidant — le ping pong transatlantique était incessant —, l’un de nous a pleuré. C’était donc possible, ça avait marché: des spectateurs pouvaient désormais discuter directement avec des témoins d’un film, au sein même du film. Ce dialogue nouveau était l’une des voies que cherchait à ouvrir Prison Valley, objet hybride, à la croisée de trois expériences: le photo-journalisme (Philippe Brault), le documentaire (David Dufresne) et le développement Web (Upian production).
Dès le départ, nous n’étions pas sûrs de tout ce que nous allions mettre en place (récit linéaire couplé à des bifurcations, emprunts à certains codes narratifs du jeu vidéo, interactivité, tchats, forums, intégration des réseaux sociaux, etc), sauf d’une chose: il nous fallait explorer, chercher, tester. Certains dispositifs ont fonctionné; d’autres nettement moins. Des débats ont surgi : comment l’espace et le temps, qu’offre Internet, modifient le travail des auteurs réalisateurs ? Quel est désormais notre rapport au réel, avec la multiplicité des écrans et des écritures? Et surtout, en quoi des projets webdocumentaires transforment-ils notre rapport au réel ?
Venez débattre et partagez tout cela avec nous. Programme complet de l’atelier.
Date: Lundi 23 et Mardi 24 août.
Lieu: Lussas, Ardèche.
Modérateur de l’atelier: Pierre-Oscar Lévy. Participants: Alexandre Brachet, Philippe Brault, David Dufresne, Clarisse Herrenschmidt.
A lire également, l’interview de l’un des fondateurs des Etats Généraux du Documentaire, Jean-Marie Barbe, dans La lettre du CNC (été 2010) où il évoque les «nouvelles perspectives d’écriture et de production liées notamment au « Cross Media »».